Tu connais le flow ? Tu en as déjà entendu parler et tu penses que cela ne peut pas s’appliquer à toi ? Et si je te disais que tu le connais, tu le vis sans que tu t’en rendes compte, sans mettre des mots dessus si ce n’est le fameux "c’était génial". (je ne parle pas du dernier film que tu as vu mais de toi lors d'une activité). Oui le "c’était génial" est une manière de décrire ce qui s’est passé pour toi dans cette étape du flow. Mais avoue-le c’est un peu succinct et puis c’est tellement mis à toutes les sauces que même si ton public ressent ta joie ou ton excitation, c’est quand même bref comme description. Tu pourrais en dire plus mais peut-être tu ne sais pas ce qu’est le flow.
Commençons par la définition :
« Le flow, littéralement le flux en anglais, est l’état mental atteint par une personne lorsqu’elle est personnellement immergée dans ce qu’elle fait, dans un état maximal de concentration. Cette personne éprouve un sentiment d’engagement et de réussite. »
Cette définition, on la doit à Mihaly Csikszentmihalyi. Tu ne le connais pas? Moi non plus avant de le découvrir. Le voici ci-après lors d’une conférence Tedx. Mais avant, sache que c’est un psychologue d’origine hongroise né en Italie qui a émigré aux USA à l’âge de 22 ans. Son enfance a été marquée par la seconde guerre mondiale, deux de ses frères ayant disparu lors de ce conflit ou après la fin de la guerre. Cela le fait se questionner sur la guerre, sur son pourquoi. Ses recherches l’amènent à travailler sur le bonheur, la créativité (sa famille comptait des artistes en son sein). Pendant 25 ans, il interrogera des peintres, des danseurs, des chirurgiens également sur leur état lorsqu’ils étaient totalement immergés dans leurs activités, activités qui présentaient des défis, des challenges. De là, naîtra son concept de flow. Terme qui vient d’ailleurs des personnes interviewées pour décrire leur expérience.
En écrivant ceci, même si cet état de flow est traduit littéralement par flux ou expérience optimale, je fais un lien avec la fluidité, je parle souvent de fluidité. Pour moi, une expérience réussie, c’est quand c’est fluide : tout baigne, tout coule facilement.
Le voici donc dans la vidéo :
Tu commences déjà à comprendre où je veux en venir ? Voici plus d’éléments concernant ton aptitude ou pas à vivre cet instant de grâce (oui appelons le ainsi pourquoi pas ?)
Il nous faut quelques conditions ou ingrédients et pas n'importe lesquels.
- Un objectif précis : une toile à réaliser pour le peintre, une opération pour un chirurgien, une course pour un marathonien ou un sportif cycliste, un bouquet de fleurs original pour le fleuriste, un plat pour le cuisinier, un meuble pour l’ébéniste. Il peut y avoir aussi un agenda caché c’est à dire que l’objectif est celui de réaliser l’activité pour son processus seulement parce que bon sang de bonsoir, tu aimes faire ça.
- Une difficulté ou un challenge dans cette réalisation : on peut bien sûr imaginer ce qu’il en est pour un chirurgien (la vie du patient est un enjeu crucial), mais cela peut être le premier article à écrire voire un nouvel article (suivez mon regard :) ), le premier chapitre pour l’écrivain, une exigence du client pour l’ébéniste (vous comprenez, ce meuble irait tellement bien dans mon salon :) ). Il faut qu’il y ait de l’intérêt ma petite dame, en tout cas, c’est ce que tu considères comme un défi même si les autres reconnaissent que c’est facile pour toi sauf que toi tu sais qu'il y a une difficulté (tu peux même l'évaluer).
- Tes compétences et connaissances pour mener à bien cette réalisation. Si tu ne sais pas manier la truelle, tu peux y aller avec les mains mais alors là pas sûre que tu vives le flow, surtout pas tes mains. Et ces compétences te permettent de répondre au défi ; même si l’ébéniste n’a pas l’habitude de réaliser régulièrement ce meuble tel que demandé par ce satané client, il sait qu’il a les compétences pour réaliser ces rosaces bien précises.
- Comme pour la communication il doit y avoir un feedback, un retour sur cette réalisation : si tu es dans le concret comme le chirurgien, le peintre ou l’ébéniste tu verras le résultat direct. Mais ton meilleur feedback c’est quand tu sais intrinsèquement que tu as eu de l’inspiration sans donner la parole au jugement, à l’interprétation. Donne aussi la place au ressenti car justement le flow c’est un état interne qui passe par le corps et pas seulement un état mental comme le dit Mihaly Csikszentmihalyi.
- Ta concentration est au maximum : tu es totalement immergé dans l’expérience, rien ne compte plus que ça. D’ailleurs, on peut essayer de te déranger, rien n’y fait. Tu n’entends rien, tu es dans ton monde, dans ta bulle. Alors, merci qui? Merci à ta capacité de concentration.
- Et puis, last but not least, tu es le seul maître d’oeuvre qui mène l’activité (sans le chirurgien, pas d’opération possible, d’ailleurs c’est lui le roi du bloc) : tu as le contrôle sur ton activité. Même si tu es tributaire des autres, comme dans une chorale, tu peux ressentir cet état de flow, parce que pour que l’ensemble soit performant, tu dois l’être d’abord.
Alors que se passe-t-il pour toi pendant cet état de flow ?
Du fait de ta concentration maximum, tu oublies tout : où tu es, le temps qu’il fait, les bruits extérieurs, et tu t’oublies toi-même et pourtant (voir la suite). Disparu le mental, ses préjugés, ses interprétations le plus souvent erronées.
La notion du temps disparaît, il te semble avoir passé 5 minutes alors que tu y as passé réellement ’une heure et cette heure t’a semblé durer plus longuement que d’habitude. Fabuleuse distorsion de temps. Et là, tu peux dire que tu as réellement pris le temps (pour tous ceux qui disent je n’ai pas eu le temps :) )
Etre conscient de cet état te permet de réaliser que tu es pleinement conscient que tu vis et que tu vis bien (je ne parle pas du matériel ici). Tu as un sentiment fort d’exister. C’est un marqueur fort de ton existence. D’ailleurs, même si tu ne savais pas que cet état s’appelait le flow et que tu sais maintenant que tu l’as expérimenté, tu savais que tu voulais revivre cela.
A la fin de cet état, on ressent une grande sérénité, un accomplissement de soi. Tu es rempli. Pour moi, c’est aussi de la joie, pas la joie exubérante, mais la joie intérieure.
Tu veux savoir que Mihaly écrit sur le flow? Je le partage parce qu’il décrit exactement ce que je peux vivre quand j’enseigne la PNL par exemple. Voici
« Mais pourquoi la concentration optimale de l’attention est-elle aussi agréable ? Si l’attention est le moyen par lequel une personne échange des informations avec l’environnement, et lorsque ce processus est volontaire, c’est-à-dire sous le contrôle de la personne, la concentration volontaire de l’attention est un état d’interaction optimal. Dans un tel état, une personne se sent pleinement en vie et au contrôle de celle-ci, parce qu’elle peut diriger le flot d’informations réciproques qui unissent la personne et l’environnement dans un système interactif. Je sais que je suis vivant, que je suis quelqu’un, que je compte, quand je peux choisir d’interagir avec un système de stimuli que je peux modifier et par lequel je peux avoir un feed-back significatif, qu’importe que le système soit composé d’autres personnes, de notes de musique, d’idées ou d’outils. La capacité de concentrer son attention est le moyen ultime pour réduire l’anxiété ontologique, la peur de l’impuissance, la peur de la non-existence. C’est peut-être la raison principale pour laquelle l’exercice de concentration, quand il est subjectivement interprété comme libre, est une expérience si agréable »
Flow and Foundations of Positive Psychology,Mihaly Csikszentmihalyi –
traduction hacking-social.com
Alors comment ressens-tu cela ? Comme cela te parle-t-il ? As-tu identifié
les moments, les occasions où cela se produit ? Et pourquoi cela ne
marche-t-il pas à tous les coups?
Il se peut que ton défi soit trop important par rapport à tes compétences et tu seras
dans un état d'anxiété ou alors il n'y a pas suffisamment de défi et tes compétences
sont trop élevées donc il y a ennui.
Ci-après un graphe pour te montrer les différentes phases de l'expérience. Je rajouterai que tout dépend quand même de l'importance que tu accordes à l'activité de façon subjective.
J’ai eu l’occasion lors d’une formation de bénéficier d’une modélisation de cet état de flow. Pour cela, 2 personnes avaient interviewé des « experts » de cet état. Je n’ai pas mémorisé tous les cas mais je me rappelle que dans ces experts, il y avait un coureur cycliste, un médecin du samu entre autres. Les 2 personnes ont ensuite compilé leurs données et en ont fait un modèle que nous avons expérimenté. Ce qui a été modélisé, c’est l’accès au flow dans une activité où l’on est déjà « chaud ».
Voici les étapes de ce modèle :
1) Préchauffage : les personnes avaient déjà la sensation d’être performant (pour cela retouves une situation où tu as vécu cette sensation d'expérience optimale et ressens-là maintenant dans ton corps)
2) elles intensifiaient cette sensation, cette énergie, cette force, cette chaleur
3) elles prenaient la mesure du défi à relever et cela déclenchait chez elles une excitation, une envie et la ressentaient dans leur corps, elles se disaient : je vais y aller, c’est pour cela que je suis là.
4 ) avec cette chaleur ressentie, elles se centraient vers l’intérieur d’elles mêmes, tandis que tout autour devenait diffus et elles intensifiaient l’énergie, la chaleur comme une réserve-là où elles en avaient besoin.
5) elles recherchaient à l’extérieur un signe (un geste, un regard, une parole, un encouragement, une provocation...) qui sera le signal que « c’est maintenant » et ce signe dit « tu y es, là ». Cela peut être une synchronicité : un oiseau, une voiture qui démarre.. si les conditions ne permettent pas qu’une personne vous encourage. Ou alors imagine que quelqu'un te le dit (mon ingrédient).
6) elles se lâchaient, se faisaient confiance. C'est parti.
Tout cela en 1,30 minute chrono. Pour le médecin urgentiste, c'était moins que ça (presque 2 minutes c'est souvent trop long pour sauver une vie)
Pourquoi être conscient de cela ? Parce que maintenant, tu vas aller chercher les occasions qui te font vivre cet état pour être conscient de ta vie, de ce qui s’y passe, de ce que tu es capable de créer, de réaliser, de vivre des moments existentiels les plus profonds. Ces moments qui serviront de ressources, d’ancrage pour quand ta vie est monotone. Tu chercheras à les reproduire pour cesser les auto-flagellations, les jugements qui nuisent à ta réussite, à ton développement d’être humain. Et là, tu ne te poses pas la question de savoir si tu es heureux ou pas. Tu sais que tu es dans ta zone de brillance.
Tu peux tester ce modèle, y rajouter tes ingrédients à toi qui viennent de ta propre expérience et si tu veux apprendre à modéliser, à disposer de tes ressources pour les moments les plus exigeants, les plus difficiles de ta vie professionnelle ou de ta vie tout court, tu peux te former à la PNL.
Alors quelles sont les activités qui te procurent du flow? Je serai ravie de connaître tes expériences.
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