Quand as-tu pleuré pour la dernière fois ? Quand as-tu laissé faire ton corps qui avait envie de s’exprimer au travers des larmes? Pas question, me diras-tu si tu fais partie du parti des « Sois fort ».
Ces deux mots que tu as peut-être entendus durant ton enfance, qui venait d’une des deux personnes que tu aimais le plus ou des deux. Les parents s’entendent toujours pour donner le même message à leur enfant ou si ce n’est pas toujours, c’est le plus souvent. Présenter la même face, avoir le même discours ainsi pas de place à la diversité ou à un autre choix qui, ici en l’occurence, aurait pu te permettre d’écouter ta petite voix qui te disait que pleurer c’est normal.
Il faut être fort sinon la vie ne te fera pas de cadeau. Sois fort. Mais fort comment ? Cela, personne ne le t’a dit, en tout cas, ce qui était mal vu c’était de pleurer, de te laisser aller, de montrer ta tristesse.
Alors, aujourd’hui, au lieu de te laisser aller, parce que le contexte est difficile et que tu ne vois pas les ressources qui te seraient utiles, tu continues dans le mode « sois fort ». Ce mode est un message ou un driver comme le psychologue américain Taibi Kahler l’a nommé. Ce driver a été perçu par toi depuis ton enfance et peut-être même que tu le perçois encore dans certaines situations. En tout cas, il est intégré en toi comme marcher ou faire du vélo.
Saches que Taibi Kahler a identifié 4 autres drivers. Tu as repéré le « sois fort » pour toi, saches qu’il y a aussi le « fais plaisir » « dépêches-toi » « fais des efforts » et le fameux « sois parfait ». Je te rassure, tu as aussi les autres, peut-être dans une moindre mesure mais cela fait un bon cocktail qui peut être explosif quand il y a du stress. Les réponses automatiques ne sont pas toujours les plus adaptées aux différents contextes, et c’est là que ces messages vont te peser au lieu d’être un avantage.
Parlons du « sois fort » plus en détail avant d’évoquer les autres de façon plus globale.
Les symptômes du « sois fort » :
Tu estimes que tu dois faire face, que la situation doit et peut se gérer. Tu dis même à tout le monde que ça va. Pas de place à une quelconque reconnaissance que tu n’en peux plus, que tu ne sais plus comment trouver une issue à ce problème alors que tout le monde attend après toi. Normal, tu les as habitués à tout régenter, à toujours trouver une solution, à tout assumer.
Alors quand les choses se corsent, c’est bien toi qui a un problème. Et puis communiquer que tu n’as pas les solutions, que cette fois-ci, tu ne sais pas comment faire face, ce n’est pas dans ta nature.
Alors, te parler de vulnérabilité, c’est comme si tu entendais un gros mot. Pas question d’être vulnérable. Cela c’est pour les autres. D’ailleurs, tu as tellement refoulé tes émotions, que la vulnérabilité tu ne sais plus ce que c’est. Ta carapace est forte, épaisse, comme celle de la tortue. Sauf que la tortue, elle sait s’arrêter quand elle n’en peut plus. Sa carapace devient un poids. Toi, tu ne le sens même plus. Tu as peur d’ailleurs que cela explose en vol.
Alors quelle antidote à ce mode « sois fort » ?
1) Le voir autrement :
Ce « sois fort » il t’a aidé, il t’a construit. C’est un message qui a orienté tes comportements. Et si tu revois quelques périodes marquantes et importantes de ta vie où ce message t’a influencé, tu sais que c’est grâce à ce « sois fort » que tu as réussi à passer les divers obstacles. Il t’a permis d’avoir de la lucidité pour demander une augmentation, passer un examen, te faire embaucher, accepter la perte d’un animal, d’un membre de ta famille etc. Tu en es là aujourd’hui grâce à lui. Donc, un grand merci.
2) Et puis quand il intervient dans des contextes qui ne sont pas propices, lui dire de se calmer. Pour cela, tu fais appel à ta capacité d’observation pour noter tous les contextes où ce n’est plus approprié et tu écoutes ton corps. Ton corps a besoin de lâcher. Le « sois fort » c’est un message pour le mental. Le corps lui t’envoie d’autres messages : des envies de pleurer par exemple, des points de douleur. Il a envie que tu joues dans un autre registre : celui du laisser-aller. Ton corps comme le mien cherche toujours l’équilibre, l’homéostasie. Pour cela, il existe, entre autres, le système nerveux autonome avec 2 branches prinicipales :
Le para-sympathique et le sympathique :
Le sympathique est responsable du contrôle d'un grand nombre d'activités automatiques de l'organisme, telles que le rythme cardiaque ou la contraction des muscles lisses. Les fonctions du système nerveux sympathique permettent, d'une façon simplifiée, de préparer le corps humain à l'action, de faire face à une situation de stress (« fight or flight », combattre ou fuir).
A l’inverse, le para-sympathique utilise l'acétylcholine et est responsable du ralentissement de la fréquence cardiaque (cardio-modérateur), de l'augmentation des sécrétions digestives et de la mobilité du tractus gastro-intestinal. Responsable du nerf vague entre autres. "sources wikipedia"
Donc, un coup tu accélères, un coup tu ralentis. Equilibre. Si tu agis constamment sur le mode « sois fort » ton corps a envie de ralentir, la cadence que tu lui imposes, il n'en veut pas, alors laisse-le agir dans ce sens.
Pleure s’il te le propose, tu t’en trouveras mieux. Laisse ta vulnérabilité s’exprimer ainsi.
Ou ta vulnérabilité peut aussi s’exprimer en disant que tu as besoin d’aide, que tu ne sais pas aujourd’hui comment prendre ce dossier par le bon bout, reconnaître qu’il te pose problème, le dire aussi. Tu n’es pas invincible, personne ne l’est. Peut-être seul Mandela l’a été en tout cas de mon point de vue et encore je n’en sais rien.
Etre vulnérable demande à se reposer sur les autres, leur faire confiance. Avec ton habitude à vouloir tout gérer, à prendre tout sur toi, tu ne montres pas à ton équipe que tu peux leur faire confiance. Montrer sa vulnérabilité c’est aussi l’occasion de voir sur qui tu peux compter, sur qui tu peux miser ta confiance. Il y a un début d’échange entre donner et recevoir. Là, tu étais dans le donner à tout prix et recevoir très peu. Alors, ouvre la porte un peu plus, laisse entrer, reçois. Partage. Echange sur tes difficultés.
Tu vas peu à peu trouver cet équilibre, cette homéostasie. Garder le mode « sois fort » quand c’est utile, nécessaire pour toi, pour l’équipe et lâcher du lest pour toi, pour ton équipe. Etre en mouvement permanent, être flexible.
Commence par tester sur des situations sans trop de risque. Donne du feedback aux autres ainsi la confiance va s’installer.
Apprends à déléguer. Ouvres la porte. Baisse les barrières érigées.
Qu’en est-il des autres drivers ?
« Sois parfait » : ah la la, celui-là est bien connu. D’où la recherche de la perfection, mettre le curseur bien haut sur l’échelle, comme cela on est bien déçu et voici l’auto-flagellation qui se met en marche. La parade : lâcher du lest. Baisser le curseur. Entreprendre au lieu d’attendre la perfection. Le compte-rendu n’est pas entièrement ficelé avec les détails de tout ce qui a été dit ? Rédige les idées principales. Habitues-toi aux mots-clés, aux schémas. Tout le monde n’est pas comme toi, vérifie avec eux qu’est ce qu’ils attendent exactement, tu serais surpris qu’ils ne mettent pas le curseur au même endroit que toi. Ils jouent sur l’efficacité et pas sur la perfection. Alors, demande, demande. Donne-toi des marges de manoeuvre quant au respect des délais.
"Fais plaisir ». Encore un, qui en période de stress, ne sera pas adapté. Et voici, que le oui habituel et tellement automatique va à l’encontre de ce qui est bon pour toi. Tu négliges tes propres besoins. Apprends à dire non pour toi, pour les besoins de l’équipe, pour la réalisation de tes objectifs. Toi aussi, tu as eu 3 ans, cet âge maudit par les parents, où tu disais non par opposition pour te positionner. Tu sentais combien c’était important pour toi. En disant non, tu te disais oui entièrement sans te poser d’autres questions. En plein développement du soi.
A te montrer trop consensuel, tu te perds. Choisis toi d’abord. Respecte toi.
« Fais des efforts ». Essaie encore. Cela me rappelle un sketch des Guignols. Bref, je m’évade. Dans l’action constamment et tu perds de vue le résultat. Naturellement tu es attiré par ce qui est complexe et tu vas tout compliquer pour que tout le monde soit sur le pont et fasse des efforts. Tu ne délègues pas parce que être dans l’action en permanence c’est finalement ton objectif. Pour changer, vise les buts, les résultats. Accepte de suivre une autre méthode plus efficace. Sais-tu que les gens fainéants sont ceux qui sont les plus efficaces ? D’ailleurs, notre cerveau est aussi paresseux, la solution du moindre effort lui va comme un gant. Ouvre les yeux sur la facilité.
« Dépêches-toi ». Celui-ci, je pense qu’il me correspondait bien. Comme je te l’ai expliqué, ces mécanismes sont inconscients même si tu as entendu ces messages. En ce qui me concerne, je ne me rappelle pas avoir entendu ceci dans ma famille, mais je l’ai acheté quelque part car une de mes stratégies, c’était de finir rapidement les tâches. D’où des erreurs bien sûr. Et aussi la procrastination pour terminer les tâches dans l’urgence. Le remède : se fixer des étapes, revisiter les prévisions de temps et respirer.
Voilà, tu as fait le tour de ces drivers selon Taibi Kahler et l’analyse transactionnelle. Tu y a peut-être trouvé des réponses à tes questions sur tes comportements. Et si tu veux avancer pour les utiliser au mieux et dans les bons contextes, cela se travaille en coaching. Réserve ici ta séance découverte
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